Décision du Bureau : 12.COM 1.BUR 2.1

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
  2. Ayant examiné le document ITH/17/12.COM 1.BUR/2, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01224,
  3. Prend note que la Colombie a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé « La sauvegarde du savoir traditionnel pour la protection des sites naturels sacrés du territoire des jaguars de Yuruparí, dans le département de Vaupés, en Colombie» :

Ce projet vise à sauvegarder le savoir associé à la gestion des sites sacrés des chamanes jaguars de Yuruparí, établis le long de la rivière Pirá Paraná, dans le sud-est de la Colombie. Inscrit en 2011 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, leur savoir traditionnel constitue un système structurel visant à maintenir un équilibre entre les êtres humains et la nature. Selon la sagesse ancestrale, le Pirá Paraná est le cœur d’un vaste espace, dont les sites sacrés contiennent une énergie spirituelle vitale qui nourrit tous les êtres vivants du monde. Des facteurs tels que les politiques minières ou l’émigration des jeunes de ces espaces culturels ont un impact sur le mode de vie des chamanes jaguars et menacent gravement la viabilité de leur système de savoir, en particulier en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles et des sites sacrés. Une composante essentielle du Plan spécial de sauvegarde du savoir traditionnel des chamanes jaguars de Yuruparí est un programme de recherche endogène, mené par l’association des capitaines et autorités autochtones traditionnelles du Pirá Paraná (ACAIPI), en étroite collaboration avec l’organisation non gouvernementale colombienne Gaia Amazonas, et a bénéficié du soutien du ministère de la Culture colombien entre 2011 et 2013. Mis en oeuvre par Gaia Amazonas, le projet actuel prolonge cette initiative qui, en raison de contraintes budgétaires, n’est plus soutenue par des ressources gouvernementales. Les objectifs spécifiques du programme sont de faciliter la transmission du savoir traditionnel par les détenteurs de ce savoir aux jeunes générations et de documenter les sites sacrés du territoire de Yuruparí. Les activités planifiées pour réaliser les objectifs de ce projet incluent des travaux de terrain menés par des groupes de jeunes autochtones sur les sites sacrés les plus importants, le traitement et le classement systématique des informations recueillies, et la publication de six brochures bilingues.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau local visant à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme de l’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que la Colombie a demandé une allocation d’un montant de 25 000 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier n  01224, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
Critère A.1 : La demande sollicite un soutien financier pour un programme endogène de recherche déjà en cours. Le programme a été élaboré et mis en œuvre par l’association des capitaines et autorités autochtones traditionnelles du Pirá Paraná (ACAIPI), notamment par sa plus haute autorité, l’assemblée des autorités traditionnelles, qui réunit les détenteurs du savoir confirmés de chaque groupe ethnique et les capitaines (chefs) de chaque communauté. Les communautés, en particulier leurs jeunes membres, ayant déjà développé leur propre protocole endogène de recherche, seront impliquées dans chaque étape du projet, ainsi que dans son évaluation régulière, par le biais de l’ACAIPI ;

Critère A.2 : Bien que le montant total de l’assistance demandée et que le budget par activité semblent adaptés à la portée du projet et aux résultats escomptés, le niveau des détails fournis pour chaque poste de dépense n’est pas suffisant pour déterminer si tous les montants budgétés se justifient ;

Critère A.3 : Les activités proposées sont décrites en détail et présentées dans une séquence logique, du travail d’inventaire sur les sites sacrés identifiés, y compris la sélection des participants, au traitement de l’information, à la traduction, au classement systématique et à l’élaboration des six brochures bilingues, destinées à servir d’orientations pour le développement d’activités pédagogiques menées par les enseignants communautaires des écoles primaires et secondaires ;

Critère A.4 : Les résultats escomptés s’inscrivant dans une stratégie sur le long terme, ils perdureront probablement après la fin de l’assistance : l’accent mis sur les jeunes membres des communautés autochtones et sur des recherches menées par les communautés elles-mêmes est à même de promouvoir durablement la transmission et le respect du savoir traditionnel et de renforcer les capacités des communautés en matière de gestion des sites sacrés et de prise de décision quant aux mesures de sauvegarde pour leur patrimoine culturel.

Critère A.5 : L’État contribuera à hauteur de 32 pour cent du budget total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée, et l’ACAIPI et Gaia Amazonas en financeront 13 pour cent ;

Critère A.6 : Tout au long du projet, non seulement les jeunes générations amélioreront leur compréhension du savoir traditionnel des chamanes jaguars de Yuruparí et les méthodes alternatives de transmission seront consolidées, mais les capacités de l’ensemble de la communauté à sauvegarder son patrimoine culturel et à l’utiliser comme instrument de gestion territoriale et environnementale seront également renforcées. En outre, ce projet contribuera à accroître les capacités en gestion de projet de l’ACAIPI ;

Critère A.7 : La Colombie n’a jamais mis en œuvre d’activités financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel ;

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et implique une coopération entre les associations représentatives des communautés locales et le ministère de la Culture colombien ;

Paragraphe 10(b) : En contribuant à faire de l’ACAIPI l’acteur principal de la sauvegarde du savoir traditionnel des chamanes jaguars de Yuruparí dans le respect des entités gouvernementales locales, ce projet vise à améliorer l’accès à des financements locaux et nationaux, afin de poursuivre la mise en œuvre du Plan spécial de sauvegarde, auquel le ministère de la Culture peut apporter un soutien technique et méthodologique ;

  1. Approuve la demande d’assistance internationale de la Colombie pour le projet intitulé « La sauvegarde du savoir traditionnel pour la protection des sites naturels sacrés du territoire des jaguars de Yuruparí, dans le département de Vaupés, en Colombie», et accorde à cette fin un montant de 25 000 dollars des États-Unis à l’État partie ;
  2. Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État partie demandeur sur les détails techniques de l’assistance, en veillant particulièrement à ce que le plan de travail détaillé et la budgétisation des activités qui seront financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel soient suffisamment précis pour justifier les sommes allouées et pour que les dépenses réelles puissent effectivement être comparées aux prévisions ;
  3. Invite l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.

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